DANS MA CHAIR, un PAYS

Dans ma chair, un pays interroge ce que signifie "appartenir" au-delà des frontières, en questionnant l’illusion d’un retour aux origines dans un monde façonné par la colonisation, le métissage, et les diasporas qui en découlent. Lorsque les ancêtres s’éteignent et que les maisons se défont, se pose une nécessité organique de retrouver un "chez-soi" qui ne peut être que réinventé. Plutôt que de figer l’appartenance en un lieu fixe, ce projet propose une vision inspirée du rhizome et des éco-féminismes : celle d’un "chez-soi" vivant, en mouvement, tissé de relations subtiles entre les corps, la nature et le temps.

Les éléments naturels – brouillard, champignons et eau, deviennent des passeurs, au seuil du visible et de l’invisible. Par leurs métamorphoses silencieuses, ils invitent à redéfinir les racines et les mémoires comme un réseau souterrain, fluide et résilient. Ces éléments incarnent des récits de changement qui transcendent les ruptures héritées de l’histoire et de la perte. Ils rappellent que la guérison est une transformation: devenir entier en soi, tout enrespirant le monde par la peau. 

Le corps lui-même devient une maison poreuse, une mémoire en devenir. Dans ma chair, un pays est une réinvention du “chez-soi” comme écosystème collectif, où chaque corps est un ancrage qui nourrit la transmission des récits et des mémoires enfouies.

 

Texte co-écrit avec Eline Gourgues - La Station Culturelle